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[Tribune] Election présidentielle 2012 La France a-t-elle encore le destin de son agriculture en mains ?

Voici des éléments de réponse apportés par Guy Vasseur, président de l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture (Apca), interrogé par Terre-net Média.

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Selon Guy Vasseur, agriculteur président de l'Apca, une fois le cadre européen défini, il appartiendra au candidat à l’élection présidentielle de donner le mode d'emploi de la convergence des aides Pac. (© Apca)
« La campagne électorale de la prochaine élection présidentielle se déroule alors même que se négocie à Bruxelles la réforme de la Pac pour l’après 2013 avec comme défis la sécurité alimentaire de l’Europe et le changement climatique. Mais même avec la Pac et l’Europe, la France a dans de nombreux domaines son destin en main.
La durée du travail, le financement de la protection sociale ou encore la politique d’irrigation… Il appartient au futur président de la République et à son gouvernement de faire les bons choix pour que l’agriculture française retrouve sa première place d’exportateur mondial. Et par conséquent aux candidats de faire les bonnes propositions.

L’harmonisation sociale prendra du temps

Prenons l’exemple du coût du travail. Les exploitations agricoles qui emploient de la main d’oeuvre sont encore pénalisées par les 35 heures. Les allègements de charges n’ont pas compensé les pertes de productivité. Et le mode de financement de la protection sociale assis sur le travail reste pénalisant au regard des principaux concurrents. Car même si les salaires augmentent dans les pays de l’est, l’harmonisation sociale prendra du temps.

Envisager l’instauration d’une Tva sociale fait son chemin pour alléger le coût du travail et « socialiser » les importations de produits agricoles. Mais pour qu’une telle mesure soit efficace, encore faut-il que les employeurs répercutent sur les prix. N’oublions pas que le passage à l’euro s’est traduit par un regain d’inflation.

La Pac ne réduit pas non plus les moyens d’action de la France, ni en matière de politique d’irrigation, ni en matière de recherche, source de compétitivité et d’innovations. Et sur les biotechnologies, notre pays ne peut pas rester en dehors du débat. Aussi, il appartiendra à chacun des candidats à l’élection présidentielle de présenter ses orientations en matière de recherche en prenant conscience des enjeux qu’elles représentent. Feront enfin partie du débat électoral des prochaines élections, les attentes des consommateurs et les évolutions climatiques.

Le retour au franc est tout à fait envisageable

Prodiguer l’instauration de taxes à l’importation ou le retour au franc est tout à fait envisageable. Mais cela revient à renoncer à la Pac, la seule politique mutuelle de l’Union, avec des prix des produits importés surenchéris, des conditions d’accès aux prêts difficiles et un endettement accru des agriculteurs.


A droite, Guy Vasseur, président de l'Apca. (© Apca)
A Bruxelles, il faut bien délimiter ce qui est du ressort du national et de l’européen, et annoncer pendant la campagne électorale les combats à mener sans oublier que c’est à Vingt-sept que les décisions devront être prises.

Il s’agira par exemple de revoir le projet de réforme des zones défavorisées ou de rendre acceptable les critères retenus pour les 7 % de surface d’intérêt écologique. Le verdissement des aides Pac pourrait sinon constituer une « super conditionnalité ».

Les modifications apportées au droit de la concurrence

Une fois le cadre européen défini, il appartiendra au candidat à l’élection présidentielle de définir, quand il sera élu président de la République, comment il encouragera l’organisation des producteurs. Il donnera le mode d’emploi de la convergence des aides en sachant que les régions veulent dans ce domaine avoir leur mot à dire. Les faire participer à la mise en œuvre des programmes de développement rural cofinancés, est tout à fait envisageable en créant des partenariats Bruxelles-Etats-Régions. Mais faire croire une convergence des aides au niveau régional pour mettre fin aux références historiques créera de nouvelles distorsions.

Il reviendra aussi à la France d’appliquer les modifications apportées au droit de la concurrence et de faire évoluer les relations entre la Grande distribution et les producteurs. Et par conséquent au candidat à la présidentielle de 2012 d’en expliquer les grandes lignes. Mais attention à ne pas surenchérir les décisions européennes, par exemple en matière de normes phytosanitaires pour générer alors de nouvelles distorsions. »

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